Ménage à 3
Au nom de la raison; Laurence Jalbert. Cette chanson, ma mère la faisait jouer de temps à autre à la maison. Une phrase attirait mon attention dans cette pièce dédiée à qui veut bien l’entendre :
Sa chambre est comme sa vie, sans queue ni tête …
Ma conclusion dès lors c’était que si c’est le bordel dans ton environnement, c’est probablement que ça l’est aussi dans ta tête . Alors, je m’efforçais à ranger ce qui paraissait ( faire mon lit ) et ce qui en apparence ne paraissait pas ( les vêtements dans mes tiroirs ).
C’est devenu avec le temps une routine pour moi qui a de l’importance, ranger mes choses, mes tiroirs ou encore récurer mon plancher.
C’est tellement thérapeutique de faire du ménage, celui du printemps ou celui de tous les jours. Une activité à laquelle je me prête souvent, c’est de donner tout ce qui n’est pas utile et signifiant, au grand désarroi de quelques uns et au grand bonheur de plusieurs autres. Les vêtements que tu n’as pas portés la dernière année, on donne , faut que ça circule, une personne les appréciera au même titre que toi sinon plus . Parce que si tu ne les as pas portés la dernière année ; ( c’est mon barème) eh bien! tu ne les porteras plus. Si oui, tant pis, bon karma à toi qui auras donné. Les livres que tu as lus, que tu ne lis plus ou qui ont rendu leur leçon de morale, tu les passes à quelqu’un d’autre, pour qu’il puisse profiter à son tour de leurs bienfaits. Les vieilles boites du secondaire dans lesquelles tu as caché tous tes souvenirs . Récup, ça ne sert plus à rien. Les souvenirs, ils sont dans ton coeur, ceux qui n’ont pas à être chéris ils s’effacent , notre disque dur en a assez à enregistrer. Les tableaux, les bibelots, toutes les choses qui ne te parlent pas, transfère-les, apporte-les au centre d’entraide de ton coin , offre-les à la petite qui les aime. Ne les garde pas à la maison.
Faire le vide, c’est dans tous les sens. Voyager léger c’est pas seulement quand tu pars en Thaïlande et que tu apportes juste la robe que tu revêtiras à tous les jours . Voyager léger, c’est faire le vide et le ménage, dans sa tête, dans son environnement, dans sa maison, même dans ses amis.
Mon ménage à trois, c’est dans le conscient, l’inconscient et le supra-conscient. Le corps, le coeur et l’esprit. Rien de sert d’emmagasiner plein d’idées , de souvenirs, de trucs , de vêtements, de vaisselle. Il est bon de s’adonner à l’abandon, parce que l’essentiel dans la vie, il ne peut être vu par les yeux, il ne peut être ressenti que par le coeur. Chaque jour est un jour nouveau qui nous offre l’opportunité d’ouvrir la fenêtre grande ouverte et de changer l’air, d’en faire entrer du nouveau, du frais, du pur . D’effacer ce qui s’est passé hier, ça donne place à maintenant, à la possibilité de voir que la neige est tellement blanche et pétillante de clarté.
Je ne dis pas de tout oublier et de se résigner à tout matériel , on vit en Occident, je comprends les technicalités de la vie quotidienne, je dis seulement que ces choses on peut les avoir, mais elles ne nous appartiennent pas, surtout ne nous définissent pas. C’est pourquoi s’en tenir à l’essentiel, ça fait du bien. Faire le ménage, faire circuler, partager, oublier, nettoyer, c’est se libérer.
De prendre le temps plusieurs fois par jour pour respirer profondément , jusqu’à ce que tu aies le ventre plein, c’est une façon formidable de faire le vide. Quand plein d’émotions nous heurtent, pas la peine de chercher aux quatre coins du monde, d’hier à demain, faut juste t’asseoir sur un tapis, ou sur le paillasson, vide de sens, et de respirer . Ça fait de la place, ça fait du sens.
De dire, de penser ou de ressentir ; je te pardonne. À toi, à moi , c’est du grand ménage ça, c’est un autobus de transport qui vient de se vider. De vider une table pleine pour ne laisser qu’une plante vivante, c’est de faire respirer ton environnement, ça aussi.
Ma maison, c’est LA maison, parce que si je la perds demain matin, je ne serai pas anéantie. Elle le sera, mais pas moi . Je la bénis de me tenir au chaud, d’accueillir ma famille que j’aime, mais elle n’a pas d’autres sens que pour les raisons pour lesquelles elle a été construite. Elle ne me définit pas, elle ne m’appartient pas. Ca n’est pas elle que j’aime , c’est comment je me sens quand j’y suis emmitouflée. De faire cette distinction par rapport à toutes les choses qui nous entourent, ça libère . Parce que rien, dans la vie, de significatif et d’important ne pourra nous être enlevé avec douleur à part notre esprit, notre coeur, ce que l’on a appris, les endroits qu’on aura visités, les personnes qu’on aura rencontrées, celles qu’on aura aimées et les autres qui nous auront aimés.
On devrait être tellement occupé à accomplir ce vide EN nous, pour laisser place à l’Amour, quelle que soit la forme. Quant au reste, on peut au moins le ranger, le donner, le nettoyer, ou le regarder et lui dire : Merci d’être là, je suis reconnaissante , mais maintenant continue ton chemin, ou reste là, je t’utilise tous les jours, ou tu m’apaises quand je te regarde, ou assieds-toi là encore quelques instants, mais si tu te brises, ah bon!, c’est loin d’être grave.
Alors, aujourd’hui et tous les autres jours, concentrons-nous sur notre ménage à trois, pour que notre esprit, notre environnement et notre coeur soient légers comme le vent , comblés du souffle qui les visite et remplis de ce vide empreint de liberté.
À nos plumeaux !
Caroline xx
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